Le passage d’Hannibal
dans les Alpes du nord
par Aimé Bocquet
Une
conférence organisée par l'association :
Les
Amis de Montmélian et de ses Environs.
Le
Samedi 25 Octobre 2008,
Amphithéatre François
Mitterrand,
à
Montmélian (Savoie)
Sommaire :
- Hannibal : La conférence.
- Aimé Bocquet : Qui est-ce ?
- Fresque (interprétative) du passage des Alpes par Hannibal.
La conférence :
C’est Aimé Bocquet qui était l’invité cette année pour la conférence annuelle. Le sujet était « Sur les pas d’Hannibal dans les Alpes du Nord »
Il ne fallut pas plus de 3 minutes au conférencier pour captiver son auditoire immédiatement pris dans la tourmente des guerres puniques pour une heure et demie, séduit par les magnifiques images et les propos parfaitement choisis.
Le Président Maurice Clément et le conférencier Aimé Bocquet dans le poste de "pilotage. C'est Jean-Yves et Edith Sardella qui assurèrent la coordination informatique du diaporama."
Le Président Maurice Clément et le conférencier Aimé Bocquet dans le poste de "pilotage" de la salle François Mitterrand à Montmélian.
Hannibal
Nous sommes en 218 avant Jésus Christ, 38000 fantassins, 9000 cavaliers et 37 éléphants avec à leur tête l’un des plus prestigieux chef militaire, Hannibal, s’avance par la vallée de Couz ouverte par le défilé de Vimines-Saint-Cassin pour atteindre le bassin de Chambéry et entreprendre la traversée de Alpes.
Imaginons
une seule seconde la stupeur des populations
Allobroges
qui
virent ces 37 éléphants. Nous étions en 218
avant Jésus-Christ...
Aimé Bocquet explique ce choix. Il se base sur
une relecture critique des auteurs antiques et en
particulier le texte de Polybe. Et c’est ce défilé
de Vimines-Saint-Cassin qui serait le susceptible de
correspondre au lieu du pillage décrit par Polybe
premier lieu d’accrochage entre Gaulois et Puniques
à 145 km (800 stades) du Rhône.
En ce lieu la bataille aurait fait rage et les
Gaulois furent vaincus grâce à une habile manœuvre
du général punique.
L’oppidum de Saint Saturnin avec une dizaine
d’hectares de surface domine ce qui deviendra le
Lemenc gallo-romain. C’est le deuxième en importance
en Allobrogie. Cette place forte essentielle pour
les Gaulois est une menace potentielle à l’arrière
d’une armée pénétrant dans les Alpes. Hannibal la
neutralisera pour sa tranquillité ultérieure.
Après une journée de repos, il poursuit sa route et
passe à Montmélian où se trouve un oppidum en
empruntant ces anciens chemins gaulois qui
deviendront la voie romaine de vienne à Milan dont
les étapes nous sont connues par la fameuse Table de
Peutinger qui le mène à Mantala (proche de Saint
Pierre d’Albigny).
Ci-dessus, en rouge, le trajet d'Hannibal le long de la Savoyarde sur le chemin qui deviendra la voie romaine de Vienne à Milan. Les points verts situent les endroits attestés de la présence gauloise en particulier sur le fort de Montmélian.
Situation de l'oppidum de Montmélian
A chaque étape le conférencier évoque les sites allobroges identifiés par des découvertes fortuites comme des monnaies, des fouilles archéologiques. Il signale par exemple la découverte d’un obole de Marseille près de l’ancienne cave coopérative de Montmélian, d’une monnaie gauloise «au cheval galopant» sur le fort de Montmélian. Il évoque ensuite le site de Verdun à Cruet et la découverte de cette tombe de guerrier contemporaine d’Hannibal.
le site de Cruet,
au lieudit "Le Chanay" derriere lequel avait été dégagée la tombe d'un guerrier
datée de l'époque d'Hannibal.
Ensuite c’est tout l’itinéraire étape par étape
que nous fait revivre le conférencier.
Albertville (ad Publicanos), le passage à Conflans,
puis, avant la nuit à Cevins, le contact avec les
Ceutrons qui seront faussement amicaux pour se
préparer à l’attaque très meurtrière dans l’étroit
de Siaix, après l’étape à Moûtiers (Darantasia).
Ensuite les fantassins épuisés se reposent à
Villette, derrière le fameux Rocher Blanc, le
Leukopetron cité par Polvbe, portant l’oppidum
gaulois qui domine d’un côté l’Isère et de l’autre
le village de Villette et où se trouve le seul
marbre blanc des Alpes, encore exploité.
Ensuite c’est l’étape Villette-Bourg-Saint-Maurice
d’où l’armée entame les 17 kilomètres de la montée
au col du petit Saint Bernard avant de descendre par
la Thuile sur le Val d’Aoste et atteindre la plaine
du Pô. Depuis l’attaque du défilé de Vimines, il a
fallu neuf jours, un très dur combat contre les
Ceutrons, vaincre les Alpes ses chemins, ses
congères et ses neiges glacées.
Tous les éléphants seront passés sains
et saufs. mais à l’arrivée. il ne restera plus que
6000 cavaliers et 19000 fantassins. Les Alpes, les
Allobroges et les Ceutrons auront coûté très cher à
Hannibal mais cet exploit aura marqué les mémoires
pour des générations et même aura peut être inspiré
les Allobroges le buste de cheval qu’ils ont gravé
sur leurs premières monnaies, celui qu’ils avaient
vu sur les pièces laissées par les troupes
carthaginoises.
Une belle soirée agrémentée de vues des différents
sites qui n’étaient pas sans rappeler celles que
Roger Girel avait donné sur le même sujet en faisant
passer cette formidable armée par le col du Clapier.
Cette hypothèse ne fut pas retenue par Aimé Bocquet
qui justifie son choix par les connaissances que
nous avons aujourd’hui de la climatologie. En effet
le seul sentier praticable aux animaux au pied du
col du Clapier était occupé par un glacier à cette
époque comme en 1860…
Pour en savoir plus sur le passage par le col du Clapier
Cette soirée aura suscité des vocations de chercheurs pour beaucoup et les hypothèses concernant les lieux de passage d’Hannibal dans les Alpes n’ont pas fini d’alimenter les discussions de l’auditoire
Aimé Bocquet
Aimé Bocquet chirurgien-dentiste installé à Grenoble s’est, bien
sûr, intéressé aux molaires de ses contemporains, mais aussi à
celles de nos ancêtres au point que certains l'appellent le
«Préhistorien des Alpes ».
En effet, passionné d’archéologie il fouille dès l’age de 20 ans
des nécropoles comme celle de Saint-Paul-de-Varces au Sud de
Grenoble où il est même interviewé en 1961 par un
certain Bernard Pivot qui comme lui débute une belle
carrière.
Il faut dire qu’à cette époque l’archéologie en France est
beaucoup plus ouverte aux passionnés bénévoles qu’elle ne l’est
aujourd’hui et l’on peut encore s’interroger si ce n’était pas
un bien.
Ses compétences et ses travaux, le font très vite admettre dès
1969 à l’Académie Delphinale (au fauteuil n°
50).
De 1976 à 1982 il sera membre du
Conseil Supérieur de la Recherche Archéologique et même
directeur des Antiquités de 1980 à 1992.
De 1972 à 2005 il est aussi directeur des fouilles et
des études sur les villages de Charavines-les Baigneurs.
Le succès de ces fouilles subaquatiques le pousse dès
1979 à oeuvrer pour la création du Centre
national de recherches archéologiques subaquatiques
dont la vocation est la recherche archéologique dans les eaux
intérieures, à l’image de celui existant pour la mer appellé :
Direction des recherches archéologiques sous-marines (DRASM).
De 1980 à 1992, il sera le directeur de
ce centre basé à Annecy.
Mais Aimé Bocquet ne s’est pas contenté de ces succès, il a
toujours été conscient que la connaissance ne pouvait être utile que
si elle était partagée. C’est la raison de sa présence parmi nous ce
soir, mais aussi la raison de ses nombreuses publications et
expositions qu’il organisa ou conseilla.
Ce n’est pas moins de 250 articles où livres sur la
préhistoire alpine auxquels il collabora seul ou avec
d’autres entre 1958 et 2000, car l’archéologie est aussi une
recherche pluridisciplinaire !
Je ne citerai que quelques exemples de ces publications comme
« l’ Inventaire des sites et des
objets préhistoriques dans les Alpes du Nord »
ainsi que :
« l’ Inventaire du mégalithisme Alpin (Pierres gravées) dans les Alpes du Nord. » qui est l’aboutissement, de ses recherches et études des documents préhistoriques entrepris depuis 1959. Publié en 2004 cet inventaire des plus complet rassemble près de 7000 sites et objets.
« Les cuivres et premiers bronzes dans les Alpes du Nord »
« Naissance d’une métallurgie régionale » dans Bulletin d'Etudes Préhistoriques et Archéologiques alpines, t. XIII, pp. 181-194. ( année 2000 et 2006)
Voici quelques articles publiés par Aimé Bocquet et qui touchent de près le sujet de ce soir :
« L’Isère préhistorique et protohistorique » (1969) gallia
« L’Archéologie de l’Age du Fer dans les Alpes occidentales françaises » (1991)
Les Alpes à l’Age du Fer (1986) revue archéologique de la Narbonnaise.
« Archéologie et peuplement des Alpes françaises du Nord du néolithique aux Ages des Métaux ». (revue l’Antropologie 1996)
« Une nouvelle approche des Allobroges et de leur territoire.Archéologie et toponymie » ( 2004 bulletin Etudes et Préhistoriques et Archéologiques Alpines). Et Bulletin de la Société d’Histoire et d’Archéologie. Décembre 2006).
Il va publier dans les prochaines semaines un livre intitulé «Sur les pas d’Hannibal dans les Alpes du Nord» et qu’il en soit encore remercié d’avoir accepté d’en réserver la primeur aux Amis de Montmélian par la conférence de ce soir.
Je m’arrêterai là bien que toutes ses publications sont nombreuses et intéressantes.
Fresque (interprétative) du passage des Alpes par Hannibal.
Intéressante d'un point de vue de l'imagination d'auteurs
Cette fresque n'est qu'une interprétation libre
illustrant l'épopée d'Hannibal.
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hannibal_Barca
http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Hannibal3.jpg
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Hannibal beim Überqueren der Alpen
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